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Biographies

Gonaïves, Haïti, 1949

Cap-Haïtien, Haïti, 1957

Port-au-Prince, Haïti, 17 mars 1900 - Pétion-Ville, Haïti, 20 mai 1953

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Claude DAUPHIN (Gonaïves, Haïti, 1949)

C. Dauphin

Texte de Claude Dauphin, musicologue, fondateur de la SRDMH, écrit à l'occasion du concert d'avril 2014.

 

 

Compositeur nationaliste de la « nouvelle ère », Claude Dauphin, né aux Gonaïves en 1949, est avant tout musicologue. Il a fait ses études musicales à l’ancienne École normale de musique de Westmount, à l’Université du Québec à Montréal, à l’Université de Montréal et à l’Académie Frantz Liszt de Budapest d’où il détient un doctorat.

 

Sur une douzaine de numéros d’opus, deux trouvent grâce devant l’exigeante sélectivité de leur auteur et semblent présenter assez d’intérêt pour avoir retenu l’attention des interprètes et du public : les Contes sans paroles, pour piano, et ce Quatuor à cordes, plusieurs fois exécutés. Robert Grenier, éditeur du Quatuor, le commente ainsi : « Ce quatuor tient son originalité du fait que son compositeur inverse la perspective de nationalisation habituelle à ses compatriotes compositeurs. Il alterne des procédés stylistiques européens à des motifs d’inspiration haïtienne sans privilégier aucune des deux influences. Outre cette brillante approche, Dauphin prodigue, dans le 4e mouvement, un bel effet de bravura. Ce mouvement conclusif est le plus marquant. Sa nouveauté réside dans la manière dont le compositeur adapte, à dessein, un choix impressionnant d’influences (Bach, Bartók, Berg, Schœnberg, Debussy, Villa-Lobos et Messiaen) qu’il a néanmoins enracinées dans le terreau haïtien. »

Gifrants (Cap-Haïtien, Haïti, 1957)

Texte de Claude Dauphin, musicologue, fondateur de la SRDMH, écrit à l'occasion du concert d'avril 2014.

 

 

Né au Cap-Haïtien en 1957, Gifrants vit et compose aux États-Unis. Il se situe dans le prolongement de l’école nationale haïtienne, œuvrant depuis 1905, dont la « nouvelle ère » est caractérisée par le désir de raviver l’expression du pays natal en dépit de son éloignement.

 

De formation autodidacte, Gifrants cultive une approche éclectique de la musique classique imprégnée d’une expérience acquise d’abord en musique populaire et en jazz, sous l’effet des rythmes brésiliens. Il reconnaît dans cette démarche fusionnelle l’influence, souvent énigmatique, de son devancier Gérald Merceron dont il se réclame. Gifrants aspire à insérer, dans le genre classique, la facture musicale des groupes Rasin (Racine) qui conjuguent la musique rurale et les musiques de danse urbaines.

 

« Dyalòg » (Dialogue) et « Pasyon fou » (Folle passion) constituent les deuxième et quatorzième pièces de son recueil pour quatuor à cordes intitulé Pa amou (Par amour). Ce sont deux pièces autonomes dont la narration se déroule sans intermittence de mouvements contrastants. Inspiré et prolifique, Gifrants est l’auteur de sept volumineux recueils de pièces séparées pour formations de chambre ou d’orchestre.

Texte de Claude Dauphin, musicologue, fondateur de la SRDMH, écrit à l'occasion du concert d'octobre 2013.

 

 

Le compositeur Werner Jaegerhuber a enrichi le patrimoine de son pays par son œuvre abondante, imposante et variée dont l’influence nationaliste se fait encore sentir chez les créateurs actuels de la musique classique d’Haïti.

 

Son père, Anton, originaire d'Allemagne, avait épousé Maria Tippenhauer, Haïtienne, elle aussi d'ascendance allemande. Au dire de Werner, c'est sa grand-mère maternelle, Betsy Fouché, qui éveilla sa conscience à la mythologie du vaudou, principale source d’inspiration de sa musique. Jaegerhuber étudie la composition au conservatoire Voigt de Hambourg de 1915 à 1922.

 

Ce cycle d'études dans la patrie de son père est interrompu par un séjour de quelques mois en Haïti, en 1921. Le compositeur regagne définitivement sa terre natale en 1937 après avoir déployé une intense et prometteuse activité professionnelle auprès des meilleures institutions musicales du nord de l’Allemagne. Composée pour le 200e anniversaire de Port-au-Prince, ville fondée sous le régime colonial français en 1749, la partition des Trois scènes historiques a été achevée au mois de novembre 1949.

 

L’œuvre est une cantate mythologique dont les trois tableaux évoquent l’histoire du peuplement noir d’Haïti :

 

1. « L’arrivée » relate la déportation des Noirs d’Afrique vers l’ancienne colonie dénommée alors Saint-Domingue, au XVIIIe siècle. Cette scène dépeint les affres du déracinement originel et du franchissement de l’Atlantique sur les sinistres « négriers », ces bateaux destinés au transport de la marchandise humaine.

 

2. « L’esclave » remet en mémoire la chosification de l’être, sa réduction à l’état d’instrument de production de biens et plaisirs, alors qu’en son for intérieur résonne un irrépressible désir d’amour, de dignité, de justice.

 

3. « L’homme libre » célèbre la révolte contre l’oppression, l’ivresse de la liberté. L’œuvre s’achève sur une exaltation œcuménique où les dieux du vaudou et le Dieu judéo-chrétien sont invoqués par les solistes et le chœur fusionnés.

 

Cette cantate aux rôles anonymes, à l’exception de celui de Neïla dans la deuxième scène, symbolise l’histoire du peuple haïtien, passant de la déchéance à la transcendance, de la mort à la résurrection, et exalte la résilience et l’espoir comme moteur des grands accomplissements humains.

Gifrants

Werner JAEGERHUBER (Port-au-Prince, Haïti, 17 mars 1900 - Pétion-Ville, Haïti, 20 mai 1953)

Jaegerhuber
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